Pierre Lafargue

Tôt attiré par la musique de jazz au lendemain de la Libération, il s’était fait une spécialité de certains domaines qui avaient bercé sa jeunesse et son adolescence: le jazz en France. On lui doit de ce centre d’intérêt plusieurs réalisations phonographiques en tant que producteur ou directeur artistique: le double album CD “Swing de Paris 1922-1951” (Frémeaux & Ass. FA5100); également Swing, Label français créé par Charles Delaunay – “Les premières années 1937-1939” (3 CD, Frémeaux & Ass. FA5424). Il possédait également une grande érudition sur la musique manouche, en particulier sur celle des Frères Ferret aux- quels il avait consacré un triple album, “Les Gitans de Paris 1938-1956, Les Frères Ferret - Baro, Sarane, Matelo” (Frémeaux & Ass. FA5247).

Comme beaucoup d’érudits du jazz, Pierre Lafargue était passé par la case Jazz Hot. Il y publia son premier papier à 35 ans, en 1967 sur une formation française de New Orleans apparue dans les années 1960, “Les Tin Pan Stompers” (une formation où joua Alain Bouchet). Mai 1968, avec ses mutations au sein de la rédaction, reporta une première fois sa collaboration à 1971. Mais il fallut attendre 1975 pour lire à nouveau les treize articles que Pierre y publia jusqu’à 1978, le dernier écrit à l’âge de 46 ans. Six de ces textes se présentaient sous forme de chroniques d’humeur, “Le Gotha du jazz en petits comités”. Ils étaient l’occasion de traiter de musiciens et d’orchestres à bâtons rompus (des big bands comme des small bands ou des solistes (Art Tatum, Sammy Price, Lionel Hampton, Django, …); il y excellait de par sa tournure d’esprit pétillante.

Félix W. Sportis (© Jazz Hot n°666, hiver 2013-2014)